Il est 17h40 Il est 13h23 il est 2h 46 du mat
Je suis à Liège,
Je suis dans un entrepôt,
Je danse devant mes platines sans que personne ne m’écoute mixer, je pense à toi.
Je suis sur une place dans une ville du Sud qui ressemble à Marseille mais plus petite, je pense à toi.
A.P
A.P
C’est les initiales de ton nom
Depuis que je t’ai vue à cette soirée zoom Queer party de quarantaine
Depuis que j’ai lu ton bouquin
Je pense à toi
Souvent
Quand je lis
Surtout
Je me demande ce que tu lis ?
(D’ailleurs, en parlant de ça, je ne sais pas si tu pourras venir à la conférence, la prochaine fois, la conférence de SAM BOURCIER, celle qu’il donne dans le grand entrepôt, je ne sais pas si elle aura lieu cette conférence, parce que les gradins sont en réparation, je crois, et que l’entrepôt pourrait fermer tout l’été. Je ne sais pas si tu sais, mais personne ne viendra me voir mixer de tout l’été, parce qu’il n’y a personne, mais si jamais elle a lieu la conférence, j’espère qu’on s’y croisera.)
Tu sais,
L’autre jour, quand mon écran s’est allumé en grand sur ta tête, ta tête à toi avec chemise bleue et casque noir sur les oreilles
j’ai sauté dans la pièce
Comme si t’étais entrée dans le salon , inconnue, et que tout à coup mon regard avait croisé le tien
ça m’a fait l’effet d’un coup dans le ventre
Plus bas aussi plus tard
Et j’ai épinglé ta tête dans la conversation zoom.
Dans cette conversation, il y avait aussi Jennifer Cardini, ce qui m’a excité POTENTIELLEMENT, mais comme je suis excité POTENTIELLEMENT quand des gentes que j’admire soudain apparaissent dans mon champ de vision ou dans une soirée ou même dans une conversation zoom, je me dis que, bon…
Je pensais pas , après l’incident sur la place, je ne pensais pas que quelque chose me referai ça un jour, je pensais que tout avait brulé cette nuit là, même les sensations de chaleur/trompette, que toutes appellent papillons dans le ventre, même le petit chien que j’avais fait exploser, je pensais que ça m’avait .. atteinte, tu vois, que ça m’avait cassée quelque part, les cadavres, le sang sur les mains, le vieux monsieur mort d’une crise cardiaque parce que je l’avais câliné trop fort, les copines qui aujourd’hui ont perdu un oeil, je pensais que ça m’avait..
Mais toi
Tes cheveux bruns
Ton casque
Tes doigts qui tapotaient sur le clavier
Ton anglais approximatif
Je trouvais ça CUTE
CUTE CUTE CUTE CUTE CUTE
Rien que d’écrire ça j’ai une larme putain
Une putain de larme d’émotion
Une vraie sensation qui parcourt tout le corps et qui demande qu’à aller la danser sur un dancing où il passerait des disques de JOE DASSIN et où on boirait une mauresque
Et puis je t’ai écrit
Et tu m’a envoyé tes podcasts, tes radios d’avant,
Et maintenant
Je peux entendre ta voix
Je peux entendre ce que tu écoutes
Et ça me fait un truc
OH un VRAI TRUC
J’ai envie
De
d’entendre ta voix plus près encore dans mes oreilles
Je dors à coté de ma meuf mais c’est ta voix que je veux entendre
Que je veux dans le trou de mon oreille gauche
Qui me lèche l’intérieur du tympan
Putain t’as des gouts musicaux
j’adore
j’adore
j’adore, j’adore, j’adore, j’adore
J’ai 12 ans et demi AGAIN et je te regarde du haut de mes 1m70 ( j’étais grande bien assez tôt)
Pour toi je pourrais ré-écouter KYO ou RAMSTEIN, je pourrais redescendre les vinyles de Nana Mouskouri
Me taper l’intégrale de Jean michel JARRE, ou même regarder AMADEUS pendant une nuit entière.
Est ce que toi aussi tu as pris feu ? Est ce que toi aussi, ils t’ont emmené te « promener », comme ils disent ? Est ce qu’ils ont touché ta peau ? Est ce que quelqu’un.e t’a demandé de tes nouvelles ?
J’écoute ta voix
Je l’écoute vraiment
Les bruits de ta salive quand tu parles
Les mots que tu mâches mal
Les syllabes que tu avales
Les hésitations, les lettres que tu mets dans le mauvais ordre et que tu reprends
ça fait trois jours que je m’accroche à ça
Dans ma tête « ça »
C’est une idylle
Un truc réel
Un truc fou que je suis en train de vivre
Une expérience sensorielle où j’utilise seulement mes oreilles
j’ai envie de mes oreilles dans tes seins comme je me lovais à 4 ans dans les seins de ma nourrice
Qui avait de très beaux et moelleux seins
J’écoute I LOVE YOU SO de PHILIPP GORBACHEB, une personne qui fait de la techno ( je ne sais pas si c’est un homme, mais je sais que tu aimes, donc j’écoute)
et suis déjà – encore dans cet entrepôt et on danse toi et moi, on danse en écoutant Sam bourcier faire la conférence la plus excitante que la France, voire le monde, n’ai jamais entendu,
quand il parle des îles grecques aujourd’hui à l’abandon où les lesbiennes BDSM venaient tous les étés jouirent et tailler leurs chairs. Et aujourd’hui, et demain, et hier c’est toi et moi, dansant dans la boîte vide, devant les gradins de cartons qui vont bientôt s’écrouler, qui s’écrouleront si la moindre forme humaine daigne y poser un cul, c’est sur toi que je pose mes mains où le sang encore n’a pas séché, sous les ongles, et que même en frottant c’est impossible à faire partir, même avec la petite brosse dure que ma mère m’a donné il y a déjà quelques années,
celle que j’ai utilisé pour enlever la boue sur mes belles boots noires.
« Défoncez les »on a crié, cette nuit là.
Défonce moi maintenant
Et on danse encore, tu as maintenant un long manteau rouge carmin et tu m’emmènes dans la Cadillac rouge, que tu as volé, car tu es une petite voleuse, mon amour
Ca y’est
Je t’appelle mon amour
Je suis flippante,
je me fais flipper
AP
Il faut que je te dise aussi
j’ai un truc qui palpite
Dans mon petit short de sport que j’ai retroussé pour ressembler aux homos de la péripate, pour te plaire, et qui commence à perdre l’élastique
Ca fait longtemps que je mets plus de culotte, tu sais, depuis la grande tuerie
Je me demande à quoi elle pourrait bien servir, cette culotte si j’étais dans ta bibliothèque, sous ton bureau et que tu me touchais
en écoutant Philipp Gorbachev.